Cent trente huit personnes, essentiellement des femmes, des enfants, et des personnes âgées, sont arrivées à Roissy, hier soir, à bord d'un Airbus militaire. Il s'agit là des premiers ressortissants français à avoir quitté le Centrafrique depuis le début de l'insurrection de quelque 200 soldats mutins. A Bangui, les opérations de regroupement des ressortissants se poursuivent, mais il n'est pas question, selon Jacques Godfrain, le ministre de la Coopération, d'envisager, pour le moment, un rapatriement total. Bien qu'il reste 1800 Français à Bangui, cette éventualité "ne se justifie pas", a affirmé le ministre. Des renforts en hommes et en matériel ont tout de même été envoyés, pour venir en aide aux 1400 soldats français déjà sur place.
Les Américains, eux, ne se posent plus la question. 32 marines ont débarqué à Bangui pour assurer l'évacuation de leurs 280 compatriotes. Mardi, quinze Américains étaient déjà au Cameroun.
Au Centrafrique, les violences continuent. Les témoignages font état de tirs sporadiques ou de scènes de pillages. Depuis samedi, douze personnes auraient été tuées, selon la Croix-Rouge centrafricaine. Ceci malgré un cessez-le-feu et l'ouverture de négociations entre les rebelles et le pouvoir. Les rebelles réclament l'amnistie de tous les mutins : ceux du mois d'avril, qui s'étaient soulevés à cause du non-paiement de leur solde, et ceux d'aujourd'hui. A l'origine de leur rebellion : leur refus de se laisser désarmer par la garde républicaine. Mais les discussions s'annoncent difficiles : selon un officier de la Légion étrangère, d'autres garnisons, à l'intérieur du pays, se seraient soulevées à leur tour contre le gouvernement du Président Ange-Félix Patassé.